J'ai eu la chance de rencontrer des gazelles, probablement des dorcas, dans le sud tunisien, au débouché de bir Aouïne, puis en Algérie, dans la Tadrart Acacous, et au nord de l'erg kilian, dans un défilé de l' Aroukam, et même de les poursuivre à moto, quelques mètres derrière leur postérieur ! Il ne faut pas « s'amuser » trop longtemps à ce petit jeu, car les pauvres bêtes peuvent aller jusqu'à l'arrêt cardiaque...et leur course erratique peut entraîner le motard à commettre de grosses erreur de pilotage !
En Algérie, nous avons apercu, très fugitivement, un mouflon à manchettes, alors que nous gravissions à pied la falaise du tassili n'ajjers, au col d'Aroum; une autre fois, à moto dans les monts Gauthier, en observant un col que nous allions peut être gravir, je repérai à quelques centaines de mètres, un mâle accompagné de deux femelles, qui s'éloignait sans se presser: quelle émotion ! Le soir au bivouac, le guide tamachek, Adrnan, était bien étonné que je l'ai vu...L'instinct du chasseur, probablement! Lors d'un autre voyage, nous avons trouvé un cadavre de mouflon dévoré par un prédateur (chacal ? guépard ? lynx caracal ? hyène ?), dans l'oued de la guelta Adobdob, en Algérie.
Nous avons croisé le chemin de pas mal d'animaux au cours de nos pérégrinations: fennecs et varans (dans l'erg de Mourzouk), lièvres, gerboises et gerbilles partout, couleuvre de Moïla, renard famélique, éperviers (ou engoulevents ?), faucons pélerins et laniers dans l'oued Tagrera en Algérie...Je me souviens d'un faucon qui planait juste au-dessus de moi, roulant à moto dans la plaine immense...En Tunisie, nous avons débusqué un chacal en plein jour qui s'abritait sous un buisson, vu les traces caractéristiques d'une vipère des sables...Nous avons vu des Gangas en Libye, dans le Tiririne, au bord de l'erg Oubari, et en Tunisie, près de ras el Oussif: ce sont de beaux oiseaux, de la taille d'un pigeon, capables d'emporter de l'eau dans leur plumage à des kilomètres pour leur progéniture...Et je ne n'évoque pas les scarabées, scorpions et autres arthropodes...
Je dois mes modestes connaissances à un livre extraordinaire: « La vie sauvage au sahara », de A.Dragesco-Joffé , édité chez Delachaux et Niestlé : un livre superbe (texte et photos) sur la faune du Sahara. Son auteur, Alain Dragesco-Joffé, est décédé accidentellement au Sahara en 2003. De nombreuses photos de ces pages ont été tirées de son ouvrage.
Au Maroc, quatre parcs sont situés sur la frange saharienne du pays: Sous massa, Iriqui, bas Draa et Dakhla sahara
En Algérie, deux parcs se trouvent dans l'extrême sud saharien: le parc culturel du Tassili et le parc culturel de l' Ahaggar (9 et 10)
Elles appartiennent à la grande famille des bovidae (= bovidés).
Voici un tableau, actuellement dépassé d'un point de vue taxonomique, mais qui replace visuellement les bovidés en perspective.
On remarque que les appellations courantes "antilopes" et "gazelles" sont assez floues: on verra ci-dessous que les taxons zoologiques sont plus restrictifs.
Rappel taxonomique sur la Famille des Bovidae
(d'après l'article de Wikipédia)
Les tableaux suivants indiquent grossièrement les zones où ces animaux vivent encore .
La Gazelle dama ou Biche Robert ou encore de son nom arabe Mohor (Mhorr au Maroc), est la plus grande des gazelles.
De nos jours, il s'agit de braconnage, puisque la chasse de ces animaux éteints ou en voie d'extinction est interdite !
Qui braconne ? une "clientèle" du moyen orient, se déplaçant en gros convois luxueux bien connus des autorités, ou des viandards qui revendent cette chair très recherchée, plus ou moins parée de vertus médicinales selon l'espèce, des populations locales de nomades, et de sédentaires, pour qui c'est un apport de protéines, les militaires qui chassent à courre...sur des pick-up et autre véhicules rapides pourvus d'armes de guerre automatiques...
Bref, pas reluisant tout ça, voilà pourquoi je pense que ces espèces vont inéluctablement finir de disparaître à l'état sauvage, quand ce n'est pas déjà fait: elle ne subsisteront qu'en quelques dizaines ou centaines d'exemplaires plus ou moins consanguins dans des zoos et parcs fermés, et dans des banques de génomes; mais à quoi bon? il n'y a plus de plaçe pour elles sur terre: c'est elles ou nous, Homo sapiens !
Bravo à tous les passionnés de nature, amateurs ou professionnels, qui y croient encore.
Quand je pense que mon propre père voyait encore des autruches au Sahel dans les années 47 à 54...
-4 groupes de serpents, dont 3 pourvus de crochets:
Les Opistoglyphes:
Crochets à l'arrière de la machoire supérieure: même s'ils mordent l'homme, ils ne sont pas dangereux pour lui.
ex.la couleuvre de Moïla, Malpolon moilensis, retrouvée toute l'année à peu près dans tout le sahara (là ou tombent moins de 100mms d'eau par an), en dehors des ergs et des regs caillouteux; absente du Hoggar et à l'est du nil.
grande taille (70-90 cms), tête caractéristique: pupilles rondes, écailles sus-oculaires relevées qui lui donnent un air teigneux, mâchoire supérieure plus longue que l'inférieure, présence d'une concavité en avant de l'oeil, capacité à gonfler ses côtes latérales un peu comme un naja.
Les Protéroglyphes:
Une seule famille terrestre, les elapidae (najas et cobras); crochets fixes à l'avant de la mâchoire supérieure; pupille ronde, plaques frontales, pariétales, et sous-oculaires de la tête très dévelloppées, tête ovoïde, enfle ses côtes latéralement de manière caractéristique.
Au Sahara: les najas dans les palmeraies, ex. Naja haje (cobra égyptien) dans toute l'afrique; TRES dangereux.
les venins de naja sont surtout neurotoxiques (paralysie musculaire respiratoire), également cardiotoxique (thermostable) et hypotensif, et pourvu d'enzymes diverses.
Les signes cliniques: DEUX orifices punctiformes , éloignés de 1 cm, engourdissement du point d'inoculation, oedème, douleur progressive, puis angoisse, lassitude, difficultés respiratoires importantes, frissons, sueurs, salivation, , en quelques heures perte de la parole, spasmes musculaires, état nauséeux, relachements des sphincters (urines, selles), pouls accéléré et faible, enfin coma hypoxique, puis arrêt respiratoire et cardiaque.
Conduite à tenir: aspivenin immédiat (pas réellement efficace, mais concourt à rassurer un peu le sujet!), calmer le sujet, l'allonger.On peut prendre du café fort.
Le nettoyage soigneux de la plaie (dakin ou d'eau savonneuse) et l'organisation de l'évacuation doivent être entrepris dès la survenue de l'accident. Un bandage serré (pas un garrot) avec une bande de crêpe et l'immobilisation du membre sont souhaitables. Le traitement médical à ce stade est essentiellement symptomatique: en présence de troubles neurotoxiques (paresthésies, fasciculations), l'injection de corticoïdes et, en présence de signes locaux importants, l'administration d'un antalgique associé à un anti-inflammatoire peuvent se concevoir, à condition de ne pas retarder davantage l'évacuation.
Il faut de toutes façons JOINDRE UN HOPITAL LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE pour des mesures de réanimation et pour une éventuelle sérothérapie: l'immunothérapie qui bénéficie de nouveaux perfectionnements techniques pour assurer la purification du sérum de cheval est actuellement remarquablement tolérée et sa mauvaise réputation n'est plus justifiée (Chippaux et al., 1998).
Les Solénoglyphes:
2 familles, viperidés et colubridés (crotalidés): crochets mobiles à l'avant de la mâchoire supérieure; pupille rectiligne, plaques frontales, pariétales, et sous-oculaires de la tête plus petites et plus nombreuses;
Au Sahara on ne trouve que les viperidae: vipères, cérastes (vipères à cornes) et bitis (vipères heurtantes).
Les vipères à cornes (cérastes au sens strict), Cerastes cerastes, occupent le Sahara des piémonts des Atlas (au sud d'une ligne béni ounif-biskra-gafsa-gabès) jusqu'à la mer rouge, et ce jusqu'au sahara sahélien.
Elles sont inactives du début octobre à fin mars dans le nord-sahara (tunisie, nord-libye...) et de novembre à fin février dans le sahara sahélien.
Les vipères des sables , Cerastes vipera, n'occupent que les sables vifs dans tout le Sahara, de l'atlantique à la mer rouge: ergs et leurs dépressions inter-dunaires, zones sableuses des oueds...Attention à sa traçe d'enfouissement en forme de "S" inversé (affût de nuit et en matinée aux inter-saisons), à la marche de nuit, aux touffes d'herbe (refuge de jour)...Avertit avant de mordre par un crissement particulier.
Se méfier au lever le matin: se déplacer lentement et observer le sol dans et autour du camp.
Elles sont inactives de mi-octobre à mi-mars dans le nord-sahara (nord algérie, tunisie , nord-libye...) et de début novembre à mi-février dans le sahara sahélien.
Les bitis (vipères heurtantes) Bitis arietans ou Bitis lachesis , occupent au Sahara une large bande du Maroc au sahara sahélien : Mauritanie, Mali, Algerie...et plus au sud jusqu'en afrique du sud.
on les trouve toute l'année dans des milieux variés, autour des habitations, les palmeraies...
Venins: ils ont des activités diverses; hémolytique (thermostable), protéolytique (tissulaire), et actifs sur la coagulation. provoquent un choc avec hypotension (proche du choc anaphylactique des hypersensibilités immédiates), une hémorragie et une nécrose tissulaire . Les signes cliniques: 2 orifices punctiformes , éloignés de 6 à 8 mms, sensation de piqure vive, oedème constant plus ou moins important et centripète selon la quantité de venin injectée, pas toujours importante, très douloureux, hypotension avec risque de collapsus, puis en quelques heures nausées, vomissements, diarrhées, et quelques signes neurologiques (angoisse, avec agitation ou au contraire prostration et difficultés respiratoires) et fièvre. Nécrose localisée dans la région de morsure et parfois séquelles: atrophie, paralysie et douleur du membre mordu. Quand la mort survient, c'est par collapsus cardiovasculaire en quelques heures, oedème aigu du poumon en quelques jours, ou par asphyxie rapide par oedème de la glotte en cas de morsure cervico-faciale, par thrombose brutale en cas de morsure directe dans un vaisseau sanguin. Conduite à tenir: aspivenin si immédiat, calmer le sujet, l'allonger; On peut prendre du café fort. Le nettoyage soigneux de la plaie (dakin ou d'eau savonneuse) et l'organisation de l'évacuation doivent être entrepris aussitôt l'arrivée de la victime. Un bandage serré (pas un garrot) avec une bande de crêpe et l'immobilisation du membre sont souhaitables. Le traitement médical à ce stade est essentiellement symptomatique: en cas de choc, l'injection de noradrénaline et de corticoïdes adjuvants, antihistaminique et, en présence de signes locaux importants, l'administration d'un antalgique associé à un anti-inflammatoire peuvent se concevoir, à condition de ne pas retarder davantage l'évacuation.
Résumé médical:
-Moins d'accidents qu'avec les scorpions.
-actifs à la saison chaude.
-En principe deux orifices de morsure punctiformes.
- les venins de serpents sont protéiques ; activités neurotoxique, également cardiotoxique et hypotensive, et enzymes diverses (hémolytique , protéolytique (tissulaire), actives sur la coagulation...).
-inutile de chauffer l'orifice de morsure (cigarette), les venins sont thermostables.
-Conduite à tenir: calmer le sujet, l'allonger.On peut prendre du café fort. nettoyer soigneusement la plaie (dakin ou eau savonneuse) et évacuer la victime dès la survenue de l'accident. Bander serré (pas un garrot) avec une bande de crêpe et immobiliser le membre.
Le traitement médical à ce stade est essentiellement symptomatique, selon les signes: adrénaline, corticoïdes, antalgique, anti-inflammatoire, peuvent se concevoir, à condition de ne pas retarder davantage l'évacuation.
Les scorpions sont les seuls arthropodes venimeux au Sahara.
On trouve une trentaine d'espèces en deux grandes familles, les Buthidés et les Scorpionidés.
Une douzaine d'espèces causent des accidents, trois peuvent être mortelles, toutes trois de la famille des Buthidés.
Androctonus australis, "scorpion jaune à queue très large"
Trois sous-espèces existent: Androctonus australis australis: entièrement jaune, A.australis lybicus: metasoma distal et telson noirs, A.australis hector : metasoma distal and telson bruns.
Il existe en Algérie, Tchad, Egypte, libye, Mauritanie, Somalie, Soudan, Tunisie mais pas au Maroc, et pas au sud d'une ligne aproximative Ghardaïa-Ouargla-Ghadamès, dans des habitats secs/régions désertiques, ubiquitaire.
De coloration jaune, il mesure jusqu'à 10 cms et possède une queue très large surtout le dernier segment.
Leiurus quinquestriatus, très dangereux également pour l'homme.
Il existe en Algérie, Tchad, Egypte, Ethiopie, Libye, Mali, Niger, Somalie, Soudan, Tunisie, en habitats secs/régions désertiques, mais pas dans les dunes; pas rare près des habitations
Buthacus arenicola
Androctonus mauretanicus et A.mauretanicus mauretanicus semblent également dangereux.
Scorpio maurus, seul représentant saharien de la famille des Scorpionidés, n'est pas vraiment dangereux pour l'homme (seulement "douloureux" !) ; il se différencie par une taille plus faible (inf.à 7 cms) et une queue fine. Vivent de l'atlantique à la mer rouge, y compris dans le haut Atlas.
Pour les espèces les plus dangereuses, les accidents mortels interviennent surtout chez les sujets plus faibles (2-3% des piqûres) : l'enfant et le vieillard.
Les accidents par piqûre de Buthidés sont beaucoup plus nombreux que les accidents par morsures de serpents; par ex.en Tunisie, plus de 100 décès par an seraient dûs aux scorpions.
venins plus complexes et aussi actifs que ceux des serpents les plus dangereux (neurotoxiques et/ou hémolytiques)
Piqûre plus dangereuse en début de saison chaude (fin d'hibernation).
Signes cliniques:
UN SEUL point de piqûre (deux pour les serpents)
surtout des signes de neurotoxicité;
intense douleur au point de piqûre, transpiration, salivation, étouffement, puis hypertension, contractions musculaires involontaires, accélération du pouls, mort possible dès 45 minutes, ou après un 1/2 à 1 jour 1/2 par arrêt cardio-respiratoire dans un tableau de vomissements et diarrhées et d'hypotension.
Quelques conseils (questionnez un médecin dans un centre de médecine du voyage): aspivenin immédiat (pas réellement efficace, mais concourt à rassurer un peu le sujet !), désinfecter la plaie (nettoyage soigneux au dakin ou à l'eau savonneuse), calmer le sujet, l'allonger, café fort, traitement médical essentiellement symptomatique (ex. soutenir la tension artérielle, atténuer la douleur, et corticoïdes adjuvants ), et JOINDRE UN HOPITAL LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE (pour des mesures de réanimation et des actions spécifiques comme la sérothérapie, par ex.)
Résumé médical:
-actifs à la saison chaude
-vivent cachés: pierres, chaussures, couvertures, vêtements...
-chasse NOCTURNE, mais n'attaque pas l'homme...
-un seul point de piqûre
-2à3% des piqûres sont mortelles (sujets faibles,enfants et vieillards)
-Piqûre plus dangereuse en début de saison chaude (fin d'hibernation)
-Les accidents par piqûre de scorpions sont beaucoup plus nombreux que les accidents par morsures de serpents
-inutile de chauffer l'orifice de morsure (cigarette), les venins sont thermostables.
-Conduite à tenir: calmer le sujet, l'allonger.On peut prendre du café fort. nettoyer soigneusement la plaie (dakin ou eau savonneuse) et évacuer la victime dès la survenue de l'accident. Bander serré (pas un garrot) avec une bande de crêpe et immobiliser le membre.
Le traitement médical à ce stade est essentiellement symptomatique, selon les signes: adrénaline, corticoïdes, antalgique, anti-inflammatoire, peuvent se concevoir, à condition de ne pas retarder davantage l'évacuation.
Mesures préventives:
En saison chaude, éviter d'avancer ou de plonger la main à l'aveugle à l'occasion de toute cueillette ou ramassage au sol, ou dans un sac, une housse, un récipient.
Nettoyer les zones de couchage et de repos, utiliser des gants pour ramasser du bois et les travaux de débroussaillage, suspendre les vetements et chaussures, celles-ci secouées et retournées avant utilisation.
Ne pas marcher nu-pieds, même à l'intérieur des habitations.